Le Jugement de Pilate

Si les quatre Évangélistes racontent l’épisode de Jésus devant Pilate, c’est saint Matthieu (27, 24) qui mentionne le fait que le gouverneur se lave les mains au lieu de prendre une décision, se déchargeant ainsi de la responsabilité de la condamnation du Christ. Cette scène est préfigurée, à gauche, par la condamnation injuste de Daniel et, à droite, par Suzanne injustement condamnée.

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Leçons, prophètes et phylactères au-dessus de la scène du Jugement de Pilate

Danielus XIIII
Regi Nabuchodonosor comminantur Babylonici
Si Danielem ad occidendum non tradat illis.
Sic adversus Pilatum ludei ut canes ululant rabidi
Ut Dominus lesum ad crucifigendum det ipsis.

Daniel 14, 29
Les Babyloniens s’ameutèrent contre le roi Nabuchodonosor
pour que Daniel soit tué.
Ainsi les Juifs hurlent contre Pilate
pour qu’il leur donne le Seigneur Jésus afin de le crucifier.

À gauche, le roi David dans le psaume (22 (21), 17) affirme :
Circumdederunt me canes multi :
Une meute de chiens m’a entouré.

Danielus XIII
Susannam bi(ni) senes adulteram testantes inique
In eam mortis sententiam proferunt una.
Pilatus itaque ludeis volens satisfacere
Ihesum Christum damnât morte crucis turpissima.

Daniel 13, 34-41
Deux vieillards témoignent faussement de l’adultère de Suzanne
et réclament sa mort.
De la même manière, Pilate voulant satisfaire les Juifs,
condamne Jésus à la mort la plus infâme, celle de la croix.

À droite, le roi David annonçait dans le psaume (94 (93), 21) :
Sanguinem innocentem condemnabunt :
Ils condamneront le sang innocent.

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À gauche, sur son phylactère, le prophète Jérémie affirme : Dederunt super me vocem suam.
Ce verset n’existe pas tel quel dans les différents textes de la Vulgate que nous avons pu consulter. La référence de la tapisserie indique Jr XII. Le verset serait donc celui-ci : Facta est mihi hereditas mea quasi leo in silva ; dedit contra me vocem, ideo odivi eam : Mon héritage est devenu pour moi comme un lion dans la forêt ; Il a poussé contre moi des rugissements ; Aussi l’ai-je pris en haine (Jr 12, 8). Mais on trouve aussi au chapitre 2 du livre de Jérémie : Super eum rugierunt leones et dederunt vocem suam, ce que la Bible de Jérusalem traduit par : Contre lui des lions ont rugi, poussé leur hurlement (Jr 2, 15). Les deux versets sont très proches et semblent s’être mélangés. Ils veulent tous deux dire que le lion, c’est-à-dire celui qui a la force, le pouvoir, se retourne contre le prophète, d’où l’interprétation faite :
Ils ont prononcé sur moi leur sentence.

Quant à l’autre phylactère, à droite, le personnage représenté, le roi Salomon, ne correspond pas à l’auteur du verset qui est tiré du livre de l’Ecclésiaste. Nous aurions dû avoir ici Qôhélet le sage puisque c’est lui qui dit dans le livre de l’Ecclésiaste (3, 16) :
Vidi sub sole in loco iudicii impietatem et in loco iustitiae iniquitatem :
J’ai vu sous le soleil la méchanceté à la place du jugement et l’iniquité à la place de la justice.

Le Portement de croix

Après avoir été battu, interrogé, flagellé, moqué, Jésus est chargé de sa croix pour se rendre sur le lieu du supplice. Pour l’aider, un homme qui revenait des champs est réquisitionné, Simon de Cyrène (Matthieu 27, 32 ; Marc 15, 21 ; Luc 23, 26 ; Jean, 19, 17). Cette scène est préfigurée par, à gauche, Isaac portant le bois de son sacrifice et, à droite, la veuve de Sarepta portant deux morceaux de bois.

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Leçons, prophètes et phylactères au-dessus de la scène du Portement de Croix

Genesis XXII
Isaac lignorum ferculum in humeris portans
Montent in quo immolari putabatur sponte con(s)cendit.
Sic crucis suspendia Christus in humeris gestans
Calvarie locum accessit hicque mori dignatus est.

Genèse 22, 6
Isaac, portant sur ses épaules un fagot de bois,
gravit volontairement la montagne sur laquelle il pensait être immolé.
Ainsi le Christ, portant sur ses épaules les poutres de la croix,
parvient au lieu du calvaire.

Le prophète (Isaïe 9, 5) prophétise :
Factus est principatus super humerum eius :
L’empire repose sur ses épaules.

III Regnum XVII
Mulier Sareptana duo ligna colligens
Helie Dei famulo panem decoxit.
Ita Christus crucis ligna super se ferens
Panem vite eterne nobis preparavit.

1 Rois 17, 10-24
La femme de Sarepta, ramassant deux morceaux de bois,
fit cuire du pain pour Élie, le serviteur de Dieu.
Ainsi le Christ, portant sur lui le bois de la croix,
nous prépara le pain de la vie éternelle.

Le prophète Isaïe (53, 7) annonçait :
Sicut ovis ad occisionem ductus est :
Il fut, comme une brebis, conduit à la tuerie.

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Prophètes et phylactères en-dessous de la scène du Portement de Croix

À gauche, le prophète Jérémie (11, 19) dit :
Ego autem quasi agnus mansuetissimus qui portatur ad victimam1 :
Et moi, j’étais comme un agneau très doux que l’on mène à l’abattoir.

À droite, le roi David, il affirme dans le psaume 129 (128), 3 :
Supra dorsum meum fabricabantur peccatores prolongaverunt iniquitatem :
Les pécheurs ont, sur mon dos, allongé leurs coups injustes.

  1. Le texte de la Vulgate est légèrement différent de celui de la tapisserie qui met un superlatif à mansuetus : Ego quasi agnus mansuetus qui portatur ad victimam[]
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