Le thème

La mort était particulièrement présente au XVe siècle. Les pestes et les guerres (guerre de Cent Ans) décimaient la population qui allait, en Europe, être réduite de moitié entre 1350 et 1450. L’Église faisait de la préparation à la mort un sujet de réflexion très important. L’art de cette époque en porte la marque, qu’il s’agisse des poèmes (François Villon), des jeux scéniques dans les églises, des peintures et sculptures.

Le thème de la danse macabre, illustré pour la première fois au cimetière des Saints-Innocents à Paris au début du XVe siècle, vise à montrer l’égalité de tous devant la mort et son inexorabilité. Il est illustré par des personnages squelettiques entraînant vers la mort des vivants, puissants de ce monde ou hommes du peuple, religieux ou laïcs.

A La Chaise-Dieu, les morts ne sont pas des squelettes, mais plutôt des transis avec la peau sur les os ; les morts dansent et se livrent à de nombreuses facéties. Les vivants, au nombre de 24 sont répartis en 3 panneaux, les puissants, les bourgeois et le peuple. Entre eux, peints sur des piliers, se retrouvent des personnages expliquant le thème : Adam et Ève sur le premier, un prédicateur sur le premier et le dernier. En-dessous un espace était réservé à un texte, message catéchétique ou poème.

Détail du troisième panneau de la danse macabre de La Chaise-Dieu ©fje

L’œuvre

Collatéral nord de l’abbatiale avec les deux premiers panneaux de la danse macabre.
© La Casadéenne DR

La peinture s’étend sur 3 panneaux et 4 piliers. Il est maintenant admis que la danse macabre a été peinte au XVe siècle en trois étapes :

 les trois panneaux à fresque, peinture à frais sur enduit, dont la source est la fresque du cimetière des Saints-Innocents.

 les piliers, où nous avons une peinture à sec faite à même la pierre, avec comme source d’inspiration complémentaire Le Dit des 3 morts. L’absence d’enduit explique son mauvais état de conservation,  et des retouches sur le 3e panneau.

On a longtemps hésité pour affirmer que l’œuvre sur les panneaux et celle sur les piliers était du même artiste. La référence commune à la fresque du cimetière des Saints-Innocents et l’observation précise des pigments permettent de l’assurer, mais cet artiste reste inconnu.

Le caractère inachevé est évident, même si certains pensent qu’il n’y a que dégradation. Didier Legrand qui fut le dernier restaurateur de la fresque se demande au contraire si l’artiste ne l’a pas voulu dans cet état d’inachèvement.

L’œuvre est difficile à dater avec précision. La plupart des vêtements sont contemporains de Jeanne d’Arc ; il est donc possible que les panneaux aient été réalisé autour de 1450, ce qui ferait de cette fresque la plus ancienne Danse macabre retrouvée en Europe. Par contre, même si les pigments sont les mêmes, il semble que la peinture sur les piliers soit plus tardive, vers 1490. En effet, l’étude récente faite par Madame Laurence Riviale, Maître de Conférence en histoire de l’art à l’Université de Clermont-Ferrand II, et présentée au colloque organisé par le Réseau des sites casadéens en juillet 2011, montre que les transis que l’on devine sur les piliers seraient inspirés par le Dit du Mors de la Pomme et non par le poème de la fresque du cimetière parisien des Saints-Innocents, source de notre fresque.

Des retouches, plus tardives, ont été faites : d’une part, il est difficile d’expliquer la présence d’une vielle à roue sur un bâti en forme de luth : ils étaient plats au XVe siècle et cette forme ronde n’est apparue qu’un siècle plus tard ; d’autre part, certains personnages ont été retouchés au fusain, avec des traits plus gras.

L’œuvre, à l’extérieur du chœur, était destinée aux pèlerins, plutôt qu’aux moines. L’artiste a fait montre d’une élégance et d’une vivacité dans le dessin tout à fait remarquable et qui permet de le comparer à des artistes du XXe siècle.


La difficile identification de certains personnages

Les personnages peints dans les danses macabres suivent un ordre assez conventionnel, révélateur des hiérarchies sociales de l’époque, avec une alternance de religieux et de laïcs et une quasi-absence des femmes. À La Chaise-Dieu, en alternance avec les vivants, la mort est représentée non par un squelette comme dans les autres danses macabres, mais comme un « transi », personnage avec de la peau sur les os.

La fresque se lit de gauche à droite.

Premier panneau : les puissants

Première travée de la danse macabre, Abbatiale de La Chaise-Dieu
Le pape – un transi – l’empereur – un transi – le cardinal – un transi – le roi – un transi – le légat du pape – un transi – le connétable – un transi – l’abbé mitré – un transi – le chevalier – un transi — © fje

Deuxième panneau : les bourgeois

Au XIXe siècle, l’installation d’une chair dans le chœur de l’église devenue paroissiale a nécessité l’installation d’un escalier pour y monter. Le premier personnage de ce deuxième panneau a été détruit à cette époque-là.

Deuxième travée de la danse macabre, Abbatiale de La Chaise-Dieu
Un personnage effacé – un transi – le bénédictin – un transi – le jeune bourgeois – un transi – le chanoine – un transi – le marchand – un transi – la moniale bénédictine – un transi – le sergent à verge – un transi – le chartreux — © fje

Troisième panneau : le peuple

Deuxième travée de la danse macabre, Abbatiale de La Chaise-Dieu
L’amoureux – un transi – le frère infirmier – un transi – le ménestrel – un transi – le théologien – un transi – le paysan – un transi – un moine – un transi – l’enfant – un transi – le frère lai — © fje

Article et vidéo de la revue Narthex

le 31 octobre 2019, Noémie Marijon et Valérie-Anne Maitre vous font découvrir la danse macabre en vidéo.

Lien de l’article « Entrez dans la Danse macabre…« 

Document mis à votre disposition pour découvrir la danse macabre


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