Homélie de Mgr Yves Baumgarten

La prédication sur le testament de Robert

[Certains d’entre vous sont] partis de loin pour venir marcher et découvrir ainsi et mettre leurs pas dans les pas de saint Robert, pour venir redécouvrir ce lieu comme saint Robert l’a découvert il y a maintenant près de mil an lorsqu’il est venu en ce pays.

Né au Cantal vers l’an 1000, il a d’abord été chanoine à Brioude et c’est là qu’il a reçu cette inspiration du Seigneur de se donner plus complètement, plus profondément, de tout donner, de tout abandonner pour vivre ce qu’ont vécu les premiers moines au désert, dans les premiers siècles, en s’enfonçant dans une solitude toujours plus profonde, pour aller à l’intérieur du mystère de Dieu, pour découvrir vraiment le Seigneur et vivre de cet amour authentique, de cette foi pure, simple où dans l’oraison, l’homme découvre qui il est en découvrant qui est Dieu. Et c’est bien l’expérience qu’a réalisée saint Robert de Turlande au cours de ces années, dans ce pays qui ne devait être à l’époque qu’une forêt profonde, inamicale, il est venu pour bâtir son ermitage dans la solitude et dans la prière. Il n’a pas cherché à fonder une abbaye, il n’a pas cherché à bâtir mais il a répondu aux inspirations du Seigneur. Lorsqu’il a quitté Brioude, c’était parce qu’il avait répondu à l’appel du Seigneur tel le prophète Isaïe dont nous avons entendu la vocation dans la première lecture. Le prophète qui n’était pas fait pour porter la parole de Dieu mais qui a répondu à l’appel du Seigneur. « Seigneur, envoie-moi » a répondu le prophète Isaïe à l’invitation du Seigneur. Et bien de siècle en siècle nombreux sont les chrétiens qui ont répondu aussi à cet appel. Et saint Robert fut l’un d’eux qui a dit : « Seigneur envoie-moi dans cette solitude et dans cet ermitage ». Et lorsqu’il fut ici, dans cette forêt profonde, et que les disciples sont venus sans qu’il les cherche, sans qu’il les appelle, là encore il a dit : « Seigneur si telle est ta volonté envoie-moi pour bâtir une abbaye, pour fonder cette abbaye, pour regrouper ces frères qui cherchaient à aimer le Seigneur et à vivre de la prière, de l’oraison, de leur travail. Et ils ont bâti cette merveille. Laissons-nous impressionner par cette foi des premiers temps, des premiers siècles du millénaire. Cette foi où des hommes sans rien, sans rien, ont bâti de telles merveilles avec la force de leurs mains, avec la force de leur foi. Et c’est bien la foi qui leur a permis de bâtir ce que nous voyons sous nos propres yeux aujourd’hui. Ainsi donc, saint Robert a été un fondateur, un bâtisseur, à l’appel du Seigneur et non pas par sa propre volonté.

Mais au terme de sa vie lorsqu’il a pu déposer entre les mains du Seigneur toute son existence, lorsqu’il a aspiré à rejoindre le Seigneur — car dans ses dernières années de vie il a désiré rejoindre le Seigneur pour voir de ses propres yeux celui qu’il a aimé tout au long de sa vie — il a laissé à ses frères un testament. Et je vous invite à le méditer, à le relire ce testament qui se trouve près de la tombe de saint Robert, ici dans cette église abbatiale — vous avez peut-être eu déjà l’occasion de le lire —, où il dit dans ces termes-là qu’il a voulu fonder toute chose sur l’unique charité de Dieu. Et il a voulu consacrer l’autel qui est derrière nous sous ce vocable de la charité de Dieu. Simplement aller à l’essentiel de la foi. Et l’essentiel de la foi, c’est l’amour même de Dieu. Nous avons entendu dans la deuxième lecture, dans la lettre de saint Jean, comment le Seigneur est amour, Dieu est amour. Et c’est vraiment cet amour de Dieu qui caractérise cette figure de saint Robert qui a dépossédé toutes choses, qui a déposé toutes choses, qui s’est laissé purifier par le Seigneur, qui s’est laissé vraiment émonder par le Seigneur pour qu’il ne subsiste plus que cet acte pur d’amour d’un homme vis-à-vis de son Dieu et qu’il a pu ainsi découvrir toute la profondeur de l’amour de Dieu.

Mais ne nous y trompons pas, dans ce testament, saint Robert rappelle l’essentiel de cet amour, et il dit à ses frères moines, voilà quel est mon héritage, voilà ce que je dépose entre vos mains, c’est cet amour même de Dieu. Et il conclut en disant ceci : « Si vous restez fidèles à cet amour du Seigneur, à la charité du plus pauvre, envers le plus simple, si vous restez fidèles à l’amour de Dieu, alors vous allez prospérer, alors cette abbaye va grandir et cette abbaye va connaître un grand et beau rayonnement. Mais si un jour vous abandonnez l’amour de Dieu, si un jour vous abandonnez la charité, alors attendez-vous à connaître humiliation, désolation. Et dans les deux cas, c’est bien ce qui s’est passé. C’est bien ce qui s’est passé : lorsque les moines ont été fidèles à l’amour de Dieu, lorsque notre pays a été fidèle à l’amour de Dieu, alors la foi s’est propagée, alors les forêts ont été dégagées pour bâtir et construire des abbayes. Et lorsque, quelques siècles plus tard, dans ce XVIIIe siècles, on a abandonné l’amour de Dieu pour d’autres préoccupations tout s’est effondré. Tout s’est effondré parce que l’on perd l’amour de Dieu et quand on perd l’amour de Dieu, on perd tout.

Et l’amour de Dieu, ce n’est pas simplement un vague sentiment qui nous fait désirer, aimer le Seigneur. C’est cet amour qui nous vient de Dieu lui-même. La charité n’est pas le fruit de notre effort, elle est l’acceptation, la réception du don de Dieu, de cette vertu qui est l’amour de Dieu, qui est connaissance de Dieu, qui est communion à Dieu. Car plus nous aimons Dieu, plus nous le connaissons ; plus nous connaissons Dieu, plus nous sommes en communion avec lui. Et c’est là toute l’expérience d’un saint Robert et tant d’autres qui ont pu justement [à travers] cet amour de Dieu, cet amour du prochain, découvert qui était Dieu et en découvrant qui était Dieu. Et en découvrant qui était Dieu, ils ont pu découvrir comment vivre en communion parfaite et découvrir ainsi le vrai bonheur.

Alors lorsque nous avons découvert le vrai bonheur, cet amour de Dieu et du prochain, comment ne pas comprendre cette page d’Évangile que nous avons entendue. Oui, le Royaume de Dieu est comparable à un trésor caché dans un champ. Ce champ c’est notre terre, ce trésor caché c’est l’amour du Christ et c’est le Christ lui-même, et lorsque l’homme a découvert ce trésor, il va vendre tout ce qu’il possède. Il se débarrasse de tout le reste parce que nous avons l’essentiel, cet amour de Dieu et du prochain. Oui, l’amour de Dieu est comparable à un négociant qui recherche des perles fines mais une fois qu’il a découvert cette perle de grande valeur qui est le Christ lui-même, qui est l’amour de Dieu, alors il vend tout ce qu’il possède pour acheter cette perle, pour être en communion avec le Christ. Ces paraboles ont été vécues. Elles ont été vécues par saint Robert, par les moines qui se sont succédé en ce lieu. Et ces paraboles, elles peuvent aussi être vécues aujourd’hui, maintenant, dans notre cœur si nous faisons, nous aussi, ce choix fondamental d’aimer Dieu par-dessus tout, d’aimer notre prochain et de regarder tout le reste comme des choses, non pas forcément négligeables, mais des choses secondaires que l’on place après l’amour de Dieu qui seul peut nous donner ce vrai bonheur, cette conscience d’être nous-même.

Vénération des reliques

Exhortation de Mgr Baumgarten

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